(Numéro 44 - Cyberdiffusion du 11-11-2001)
LE MOT DE LA SEMAINE EST :  Le temps (qui passe)(2)

Les jours raccourcissent, le temps passe plus lentement. Paradoxe ?
"Les gens qui n’ont jamais le temps sont ceux qui en font le moins."
Georg Christoph Lichtenberg - Aphorismes
"Ce dessin m'a pris cinq minutes, mais j'ai mis soixante ans pour y arriver."
Renoir
"Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité."
Romain Gary - La vie devant soi
 
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LES ECHOS DE LASEMAINE DERNIERE : Le bruit
"Le bien fait peu de bruit, le bruit fait peu de bien."
Envoi de Jean Michel B. , de Virginie C. et d'Annick W. : L'un attribue la citation à saint François de Sales, les autres à Saint Vincent de Paul ou à Saint Jean Baptiste. Au secours ! A quel saint se vouer ?
"Le langage ne se refuse qu’à une chose, c’est à faire aussi peu de bruit que le silence."
Francis Ponge – envoi d'Annick W.
"Les poètes sont des oiseaux : tout bruit les fait chanter."
Chateaubriand (1768-1848) – envoi de Virginie C.
 
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ET POUR FINIR
Pas vraiment une histoire drôle, mais un texte de Boris Vian pour sourire un peu.
"Vous voyez tous ces boutons" me dit le chef. "Celui-là, le bleu sur la gauche, quand le ministre entrera, vous appuierez dessus. La Marseillaise éclatera. La musique terminée, vous presserez sur le bouton vert pour les acclamations, vivats et bravos. Et avec prudence (une prudence infinie), une légère pression à peine esquissée sur le bouton rouge vous donnera quelques cris hostiles, pour la vraisemblance. Le bouton noir, si vous appuyez légèrement comme cela, retirera le chapeau du ministre et son par-dessus. Puis un effleurement sur le bouton blanc le brossera. A ce moment, n'oubliez pas le bouton gris amenant le fauteuil juste sous le séant du ministre. Un coup, un seul, sur le bouton rose, et le ministre s'assoira. Vous avez compris?
Ce n'était pas bien difficile. J'inclinais affirmativement la tête. Puis nous allâmes déjeuner copieusement.

De retour devant le tableau de bord, je m'étonnai de l'instabilité des boutons de commande, que j'avais quittés une heure auparavant en parfait repos. Tout dansait sous mes yeux. Essayant de me remémorer les instructions du chef, je m'entraînais à poser les doigts sur chacun des boutons dans l'ordre indiqué. Mais, par un curieux phénomène, visant l'un, c'était l'autre que j'atteignais. L'heure de commencer sonna.

L'entrée du ministre, je ne sais pourquoi, fut saluée par une bordée d'injures grossières et de coups de sifflet. Quelques coups de feu furent tirés, je crois m'en souvenir. Une Marseillaise à peine murmurée semblait vouloir se faire entendre du fond de la salle. Du banc des notabilités ecclésiastiques les jurons les plus gras semblaient sortir. Quelques bons coups de brosse eurent vite raison de la fureur du ministre qui vint s'affaisser complètement au pied des tribunes sous le poids du fauteuil, tandis que la brosse s'acharnait sur lui. Alors qu'il gémissait, lentement, dans un style impeccable, une machine le débarrassa de son chapeau et de tous ses vêtements.
Boris Vian
BONNE SEMAINE

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